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L'ARCHIPEL DU GOULAG

L'Archipel du Goulag (sigle de l'Administration générale des camps d'internement) est un
essai d'investigation littéraire sur le système judiciaire et l'industrie pénitentiaire en
URSS de 1918 à 1956. On voit comment une combinaison judicieuse entre un système judiciaire
inique (en particulier son article 58 du Code pénal qui permet d'incarcérer tout individu
potentiellement indésirable : "les ennemis du peuple") et une industrie concentrationnaire
ont permis à l'URSS de se constituer une "armée industrielle" (terme utilisé par Karl Marx)
afin de réaliser sa 1re phase de construction de l'économie permettant au pays du socialisme
réel de rattraper le capitalisme dans son développement économique sans passer par les étapes intermédiaires.

ELEMENTS DU DEBAT :

Rappel de la théorie marxiste-léniniste :

Schématiquement, le système capitaliste s'est développé par des étapes suivantes :

- sous l'effet du progrès technique, l'organisation sociale primitive a été désintégrée.
- les moyens de production (à l'époque, la terre) qui appartenait à la collectivité ont
été appropriée par une classe (nommée classe propriétaire.)
- en face, la masse des travailleurs (à l'époque, les paysans) n'avait plus que leur force de
travail (exemple historique : le système féodal) pour subsister.
- l'organisation instaurée et l'exploitation de la classe laborieuse a permis un processus
d'accumulation intensive aboutissant au système capitaliste d'aujourd'hui.

Ces différents étapes d'accumulation ont revêtu différentes formes :
esclavage des noirs, système féodal, exploitation des colonies, des ouvriers, etc...

Mais la contradiction entre les forces productives (l'état de la technique) et les rapports de production
(la lutte des classes prolétaires/capitalistes) condamne le système capitaliste à une mort certaine
(d'après les lois du Marxisme : la loi de la baisse tendancielle du taux de profit
et la loi de la paupérisation et de la prolétarisation croissantes).

Néanmoins, pour ne pas attendre, la classe prolétarienne peut, avec la révolution, mettre fin
au capitalisme en s'appropriant elle-même le pouvoir puis les moyens de production.

Le système capitaliste cède la place à un autre système composé de 2 phases :

1) Une phase intermédiaire : le socialisme. Phase de production où chacun est rémunéré
selon son travail,
2) La phase d'achèvement : le communisme. Phase de consommation de masse où chacun sera satisfait
selon ses besoins.

Pendant la 1re phase, le prolétariat instaure :
Politiquement : une dictature du prolétariat (pour éviter le retour du capitalisme),
Economiquement : une production planifiée dont la priorité est la production des moyens
de production (les machines doivent servir à produire des machines).

Du point de vue de la réalisation concrète de cette phase :
La dictature du prolétariat ne présente pas trop de difficulté de mise en oeuvre.
La planification est plus problématique, parce qu'elle sous-entend qu'une régulation planifiée centralement est plus efficace que les lois du marché dans le système libéral.

Autrement dit, l'équilibre qui est impossible dans un système libéral de marché peut être trouvé dans une matrice d'équations que seuls les ordinateurs de xième génération peuvent traiter et qui ne peut être comprise que par quelques polytechniciens des organismes de Planification.

Mais cela suppose surtout la réalisation simultanée d'une équation minimum à 3 inconnus :
1) les formules correspondent bien à la combinaison des facteurs de production
2) ces formules justes aboutissent à un équilibre de l'offre et de la demande (pour une équation à un seul produit, par exemple le tracteur, nous devons avoir offre de tracteurs=demande de tracteurs)
3) la main-d'oeuvre est convaincue de la nécessité de se priver pour fabriquer, dans notre exemple les tracteurs

Et accessoirement, que les pays socialistes possèdent à cette époque, les ordinateurs en
question et les polytechniciens formés dans ce but.

Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

1) A la rigueur, les erreurs dans les formules peuvent être corrigées par ajustement successifs
2) Les déséquilibres peuvent s'ajuster à plus ou moins long terme grâce aux corrections du point précédent
3) Sur ce 3e point le socialisme n'a pas fonctionné ; la pénurie a d'abord généré une bureaucratie de surveillance et de contrôle. Cette bureaucratie s'est retrouvée plus zélée dans les manoeuvres de contrôle des denrées de 1re nécessité que dans leur conviction quant à l'oeuvre collective d'édification du socialisme. "Servir le peuple, oui, mais laisser le peuple se servir lui-même, NON". Finalement, de cette phase du socialisme, l'histoire retiendra :

1) que la dictature du prolétariat n'a jamais été que la dictature d'une nouvelle classe :
la bureaucratie (La Nomenklatura).
2) que cette bureaucratie n'a jamais voulu ou pu mettre en place une régulation plus
efficace que celle qui existe dans le système libéral (le marché), tout en laissant prospérer
un autre marché officiel combattu dans le système libéral (le marché noir).
Pour aboutir finalement à l'implosion de l'ensemble.
3) mais pour se maintenir au pouvoir et continuer le processus d'accumulation en faveur
de ses membres, la bureaucratie a développé des systèmes concentrationnaires,
totalitaires aboutissant au génocide.

Ce qui a pu laisser certains affirmer que :
Le socialisme et la voie la plus longue pour parvenir au capitalisme.

Un système analogue a existé en Chine pendant la période maoïste : pour une désacralisation du maoïsme
on peut lire à ce sujet les ouvrages suivants :

Maoïsme et communisme en Chine. Denise Avenas. Edition Galilée. 289 pages.
Les habits neufs du Président Mao. Simon LEYS. Edition Le livre de poche. 370 pages :
finalement la grande révolution culturelle n'aura jamais été qu'un règlement de compte au
sein de la classe dirigeante.
Révolution culturelle dans la Chine populaire. Une anthologie de la presse des Gardes rouges
(mai 1966-janvier 1968). Edition 10 18. Bibiothèque asiatique.
Ombres chinoises. Simon LEYS. Edition 10 18. Comment sont organisées les visites des Occidentaux
dans la Chine maoïste. Comment fonctionne la bureaucratie, la vie culturelle pendant cette période.

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